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Traité de libre-échange CETA et changement du régime des indications géographiques

Par Me Sébastien Lapointe, Techtonik Legal inc.
Traité de libre-échange CETA et changement du régime des indications géographiques

Immédiatement après la signature du Traité de libre-échange CETA (avec l’Europe), le législateur canadien proposait le Projet de loi C-30, lequel viendrait (notamment) modifier le régime canadien en matière d’indications géographiques de produits agro-alimentaires (les « IG »).

Les IG correspondent à certains noms de types de produits (habituellement quant à de la nourriture ou des boissons) auxquels le droit accorde un statut particulier, afin d’en contrôler l’usage sur des produits qui ne correspondraient pas à ce qu’on peut attendre de tels produits, étant donné la qualité, la réputation ou d’autres caractéristiques attribuables à l’endroit où les véritables produits sont normalement faits. Par exemple, un producteur de fromage québécois peut-il produire ici ce qu’il indique ensuite comme du « parmesan », etc. ?

Jusqu’à maintenant, en vertu de la Loi sur les marques de commerce (la « Loi »), le régime relatif aux IG se limite (au Canada) à certains types d’alcools précis. En vertu des changements qu’apportera C-30 à la Loi, le concept des IG s’appliquerait aussi dorénavant à toute une foule d’autres produits. C-30 viendrait en effet élargir le concept des IG pour inclure une foule d’autres produits agricoles et/ou d’aliments. Ce faisant, le Canada rapprochera son système de celui qui a cours depuis longtemps en Europe, là où on protège avec ardeur les désignations de produits alimentaires d’origine géographique.

Les IG couvriront donc dorénavant (une fois C-30 adopté formellement) des types d’aliments qui comprennent (selon la liste annexée au projet de loi), en fonction de noms qui sont propres à ceux qu’on produit authentiquement dans telle ou telle région :

  • des fromages
  • des viandes fraîches
  • des fruits
  • des légumes
  • des noix
  • des épices
  • des olives
  • de l’huile (par ex. d’olives)
  • du poisson
  • des bières
  • du houblon
  • du riz
  • du thé
  • du café
  • etc.

Une fois C-30 adopté, il sera interdit d’adopter, d’exporter ou d’utiliser commercialement une IG (entre autres sur un emballage) à moins que notre produit soit authentique, en ce qu’il respecte les normes applicables à ce type de produit.

Les nouvelles règles comprennent aussi notamment des dispositions visant à réconcilier le système existant (permettant par exemple des enregistrements de marques sur des désignations) et comment le tout fonctionnera en pratique, incluant la question des droits acquis. À noter que le projet comprend aussi une liste d’exclusions, de certaines désignations qui indiquaient peut-être une origine au début de leur usage, mais qui sont devenues d’usage trop courant et répandu si bien qu’on pourra continuer à les utiliser même si notre produit n’a rien à voir avec la région en question (la désignation « Parmesan », par exemple).

Le projet C-30 en est pour l’instant au stade de la première lecture au Parlement. Les producteurs de produits agro-alimentaires (et leurs conseillers) ont tout intérêt à garder un oeil sur ce projet.

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About the Author

Maître Sébastien Lapointe œuvre depuis plus de vingt ans en pratique privée centrée sur le droit des affaires et, en particulier, l’interaction entre celui-ci et les questions de propriété intellectuelle, dont de droit des technologies. Sa pratique se centre particulièrement sur l’enregistrement de droits de propriété intellectuelle et les ententes de transfert de droits et de technologies, dont les licences, et ce, autant au Canada qu’à l’étranger.

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