Parents de jumeaux âgés de deux ans et demi, les parties n’arrivent pas à s’entendre sur le temps parental. Exerçant actuellement une garde de trois jours non consécutifs par semaine, monsieur désire une répartition égale du temps parental. Madame, préoccupée par les comportements de monsieur, suggère plutôt une réduction des droits d’accès de ce dernier. Elle dénonce le contrôle coercitif et économique exercé à son endroit et invoque une menace à son intégrité physique.
Le contrôle coercitif que monsieur exerce envers madame a commencé à se manifester avant la naissance des enfants et s’est poursuivi après la séparation. À la suite de la rupture des parties, monsieur a rapidement mis en place un horaire qu’il a exigé que madame respecte, et ce, même si elle allaitait. Dans l’ensemble, monsieur fait preuve de rigidité. Il impose sa vision de la parentalité, se montre intransigeant et refuse toute concession. Il pose des conditions strictes, exige du respect et veut être impliqué dans chaque décision, même minime, concernant les enfants. Lorsqu’il est contrarié, il ignore madame. Il lui reproche son manque de ponctualité lors des échanges ou des appels téléphoniques, la tient responsable de toutes les difficultés rencontrées et la dénigre constamment. Sa vision de la parentalité est centrée sur lui-même et laisse peu de place au rôle que madame occupe auprès des enfants. Loin de reconnaître son comportement coercitif, monsieur se dit victime de violence, ayant même porté plainte contre madame pour voie de fait, ce qui a obligé cette dernière à interrompre sa formation collégiale. Son comportement empêche l’exercice d’une saine coparentalité. Toute communication est difficile. Monsieur exerce également du contrôle économique. Alors qu’il est à l’origine de l’impossibilité pour madame de compléter ses stages en raison de la plainte qu’il a déposée contre elle et même s’il la maintient, par son attitude, dans un état de fragilité psychologique, il désire qu’un revenu lui soit imputé dans le calcul de la pension alimentaire. En outre, madame témoigne que monsieur fait grand cas des allocations familiales qu’elle reçoit, refusant de contribuer aux dépenses des enfants tant que les allocations ne sont pas totalement épuisées. Elle affirme qu’il va même jusqu’à préparer des repas qu’il lui vend par la suite. La preuve démontre aussi que monsieur peut se montrer physiquement menaçant, ce qui est grandement préoccupant. Bref, il compromet la sécurité psychologique de madame et représente une menace pour sa sécurité physique. Non seulement il ne reconnaît pas que son comportement affecte madame et, ultimement, les enfants, mais il ne démontre aucune volonté d’améliorer la situation, préférant entretenir le conflit. Afin de déterminer le temps parental, il est essentiel de faire la distinction entre la capacité parentale et la compétence parentale. Les compétences parentales sont des attributs pouvant être modifiés au fil du temps, tandis que les capacités parentales ont un caractère permanent. En l’espèce, monsieur ne montre aucune volonté de modifier son comportement. Tant ses compétences que ses capacités parentales demeurent incertaines. Son comportement coercitif et son manque d’introspection font obstacle à l’établissement d’un temps parental partagé.
Madame s’oppose, avec raison, au dépôt en preuve des enregistrements réalisés par monsieur. Ces enregistrements ne visent qu’à ternir l’image de madame. Ils ne sont d’aucune pertinence pour évaluer l’intérêt supérieur des enfants, ayant été réalisés dans le contexte précis de la séparation. Permettre leur dépôt en preuve constituerait une intrusion injustifiée dans la vie privée des parties et porterait atteinte à l’administration de la justice.
Les souffrances que madame a vécues et l’emprise que monsieur exerce sur elle l’empêchent de bénéficier du recul nécessaire pour distinguer sa propre situation de l’intérêt supérieur des enfants. Contrairement à ce qu’elle semble croire, aucun élément ne suggère que la situation pourrait s’améliorer. Diminuer les accès de monsieur ne suffit donc pas. Une période transitoire d’accès supervisés est nécessaire afin d’évaluer l’évolution de la situation. Cette période permettra à madame de déterminer si une prolongation de la supervision s'avère justifiée.