
Le demandeur est pharmacien. Il est le conjoint de la demanderesse, qui est éducatrice en milieu scolaire. Ils ne connaissaient pas le défendeur personnellement jusqu’au jour où celui-ci s'est mis à s’acharner contre eux de manière gratuite et sauvage en ligne. À un certain moment, ils ont appris que le défendeur s'en prenait à eux sur les réseaux sociaux. Lorsque le demandeur a manifesté son désaccord, le défendeur s'est mis à le menacer, exigeant qu'il participe à une entrevue en direct, faute de quoi il continuerait à faire des publications dégradantes et des attaques à son sujet. Dans les extraits lus et entendus, le défendeur utilise des qualificatifs extrêmement vulgaires pour désigner les demandeurs, ne les identifiant pas uniquement en utilisant leurs pseudonymes, mais bien en dévoilant leurs noms et allant jusqu'à divulguer l'adresse de la pharmacie où travaille le demandeur ainsi que le nom de son employeur, menaçant qu'il perde son emploi. Il a même parlé de leur vie sexuelle et intime. Il a mentionné des délits commis par le demandeur s'apparentant à des infractions d'ordre déontologique. Il a invité ses auditeurs à se plaindre à l'Ordre des pharmaciens. Il a insinué que le demandeur continuait à pratiquer même s'il n'était plus membre de son ordre professionnel et qu'il était consommateur de drogues. Ces accusations, lancées publiquement, ont incité la Sureté du Québec à le contacter. L’entrevue avec la policière a été diffusée sur TikTok, mais le dossier a été fermé, le défendeur n’ayant aucune crédibilité. Malgré la réception d'une première mise en demeure, il a poursuivi ses attaques, allant jusqu'à brûler le document en direct devant la caméra. Son comportement a influencé ses abonnés qui se sont mis eux aussi à faire de la diffamation. Les nombreux extraits entendus montrent un profond irrespect envers deux personnes qui n'ont rien demandé. Ils sont difficiles d'écoute tant la violence des propos est gratuite et repose sur des fabulations. Le défendeur n'a aucun moyen de défense.
Les propos tenus par le défendeur dans un langage ordurier sont des fabulations et des histoires dégradantes inventées afin d'inciter ses abonnés à détester les demandeurs. L'ampleur de la diffusion est limitée, le défendeur ne comptant qu'environ 500 personnes qui suivent ses publications et les évènements n'ayant duré que deux mois. De plus, il a souvent désigné les demandeurs par leur nom de tiktokeur, ce qui a pu amoindrir les effets de la diffamation. Le défendeur n'a exprimé aucun remords, cherchant au contraire à provoquer davantage en brûlant la mise en demeure en direct.
L'atteinte sauvage à la réputation des demandeurs n'a pas été sans conséquence. Le demandeur était en arrêt de travail depuis plusieurs mois et s'apprêtait à reprendre ses tâches comme pharmacien lorsque l'acharnement a commencé. Son retour au travail a été retardé. Il prend des antidépresseurs et a cessé ses activités sur TikTok. Il a ainsi perdu des revenus. L'état psychologique de la demanderesse s'est également détérioré, l'anxiété l'empêchant d'aller dans des lieux publics par crainte d'être prise pour cible par les adeptes du défendeur. Elle a elle aussi cessé de diffuser des vidéos, alors qu'elle en tirait un revenu. Quant à l'atteinte à la santé psychologique, bien qu'aucune expertise n'ait été produite, il est établi que les demandeurs ont souffert des attaques du défendeur. Au regard de ces éléments et en tenant compte de la jurisprudence, une indemnité de 35 000 $ est accordée au demandeur et de 25 000 $ à la demanderesse. Ils ont également droit à 10 000 $ chacun à titre de dommages-intérêts punitifs, la faute du défendeur étant intentionnelle, grave et gratuite.
Du reste, les demandeurs requièrent le prononcé d'une injonction visant à interdire au défendeur de tenir des propos diffamatoires contre eux. Or, le silence de la preuve quant aux activités récentes du défendeur laisse croire qu'il a abandonné ses commentaires à l'égard des demandeurs. Sans preuve de son intention de récidiver, les conclusions injonctives recherchées ne sont pas prononcées.